Les plantes fourragères font partie de la solution
« Des données relativement fiables nous apprennent que plus de 40 % de ce petit territoire désigné comme protégé n’est pas exploité. Il est laissé en friche, pendant qu’on lui cherche une nouvelle vocation après le départ de la production laitière vers les régions centrales. »
Cet extrait du texte d’opinion de Michel Saint-Pierre, en référence aux quelques 2 000 000 hectares protégés par la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ), a de quoi nous interpeller.
M. Saint-Pierre jette une lumière crue sur notre vision en tunnel : tout au grain et au porc. Il nous rappelle, fort à propos, le manque de diversification de notre agriculture, accompagné d’un constat choquant :
40 % des superficies cultivables du Québec sont peu, mal,
ou pas exploitées.
Il condamne le manque de diversification de notre agriculture et le déficit en plusieurs produits de base, alors qu’on exporte du maïs, du soja et du porc.
Un aspect souligné par M. Saint-Pierre qui nous a particulièrement intéressé est l’importance d’une agriculture diversifiée pour l’occupation du territoire. Combien de fois n’avons-nous pas, au Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF), martelé ce rôle des plantes fourragères ?
Décarboner le Québec
Bien qu’il n’en soit pas question, nous sommes convaincus que M. Saint-Pierre sera bien d’accord que la rotation de cultures annuelles dont il parle (fèves, pois, blé panifiable…) avec les plantes fourragères est le duo par excellence. Que ce soit pour assurer notre autosuffisance en viande de bœuf, agneau ou autres pour lesquelles nous sommes loin de suffire à nos besoins ou pour développer l’industrie du foin de commerce, il n’y a aucun doute que les plantes fourragères ont leur place dans cette diversification.
Peu importe la production qu‘on fait sur nos terres, la rotation avec des plantes fourragères est toujours gagnante. On y assure la diversité des productions et la préservation des ressources : sols, eau, diversité biologique avec, en prime, des tonnes de CO2 emmagasinées dans les sols.
Nos gouvernements n’hésitent pas à investir des milliards pour produire des batteries. Juste avec du petit change, ils supporteraient des entrepreneurs dans les quatre coins de la province et investiraient pour le même objectif : décarboner le Québec.
Envisager la suite ensemble
Exploiter ce potentiel qui dort est non seulement un bon moyen pour occuper le territoire, mais le meilleur moyen de le dynamiser, de l’enrichir. Pour cela, il faut une vision politique à moyen et long terme.
Qui de mieux placé que le CQPF pour porter ce message? Assurons-nous de garder cet organisme fort et en bonne santé. N’oublions pas que la mission du CQPF est de promouvoir et représenter le secteur des plantes fourragères. Ceci demande de l’engagement et de la détermination de tous les membres et partenaires.
Saisissons le message de M. Saint-Pierre, occupons une partie, au moins, de ces 40 %.
Germain Lefebvre, agr.
Chronique parue dans le Numéro Spécial Pâturage 2023 de l’Écho-Fourrager du Conseil québécois des plantes fourragères par Germain Lefebvre.